Au moment où j'écris ces lignes, je suis à bord du vol Ryanair Londres-Bucarest, après une journée chargée, passée avec la communauté roumaine de Londres. Je n'ai aucune inquiétude quant au résultat des élections de dimanche prochain, tant qu'elles sont correctes et libres (et nous prendrons toutes les précautions pour que cela se produise).

Ce n'est pas de l'arrogance ! Il ne s'agit absolument pas de moi dans cette candidature, mais d'un peuple, le peuple roumain qui s'est réveillé et qui ne réagit plus du tout aux stimuli de manipulation de masse auxquels il a été soumis jusqu'à présent.

Ce qui me préoccupe maintenant, c'est ce que nous ferons de vous à partir du 19 mai. Qui vous ? Une partie de ceux qui prétendez être éduqués, civilisés, européens, mais qui prouvez exactement le contraire. Je dis une partie d'entre vous parce que, parmi les photos prises avec les sympathisants à bord, j'en ai fait une avec un camarade de promotion (1987, tous deux bucarestois, lui ayant étudié au lycée Vianu, moi au lycée Lazar) qui vote pour Nicușor Dan mais qui a su me serrer la main et, en plus de la photo, dialoguer en acceptant que nous représentions deux courants idéologiques différents.

Procédons par ordre...

Vous êtes exactement ce dont vous accusez nos électeurs/militants d'être : subjectifs, avec des œillères, racistes, homophobes, etc. Une respectable dame qui a vécu toute sa vie grâce aux fonds Soros (et qui m'a même demandé si je ne voulais pas obtenir de telles sources de revenus) a fait une déclaration dans laquelle elle nous a qualifiés de fascistes et croit que les trois quarts des passagers de l'avion dans lequel je me trouve devraient être privés du droit de vote parce qu'ils représentent la Diaspora.

Le deux poids deux mesures me dérange souvent. Quand HotNews devient G4Media en termes de comparaison des médias en ligne, j'ai l'impression d'étouffer : il n'y a plus de points médians, nous restons sans tables rondes où nous pourrions au moins essayer de trouver un consensus et c'est justement cela qui est vraiment dangereux et qui peut nous conduire à la répétition des totalitarismes d'entre les deux guerres mondiales.

La Diaspora était bonne quand elle votait pour Băsescu et Iohannis. Quand elle a massivement voté pour AUR en 2020, nous permettant d'entrer au Parlement, et maintenant quand nous obtenons des majorités absolues, ses membres sont péjorativement appelés "cueilleurs de fraises" et "femmes de ménage", lie de la société dont eux, les soi-disant européens, sont dégoûtés. Ils essaient quand même de se pincer le nez, et ils se sont fait des scripts de relations publiques (et non pas de marketing *) sur la façon de parler avec les moins instruits : que dire aux serveurs, aux chauffeurs de taxi, aux coiffeuses pour changer leur vote. Non, ce n'est pas une mauvaise blague, mais bien un guide donné aux volontaires de l'USR. Ce qu'ils ne comprennent pas, c'est que ce ne sont pas les études qui déterminent l'intelligence, mais qu'elles peuvent seulement vous donner (ou non) certaines compétences. Cette attitude de supériorité, sans rapport avec la réalité, ne fait que mesurer l'arrogance caractéristique du dernier locataire de Cotroceni (N.T. : palais présidentiel). La Roumanie ne passe pas son temps sur Reddit et n'a pas prioritairement besoin plutôt de formations sur les méthodes modernes de contraception, mais de l'élimination des disparités sociales et de l'éradication effective de la pauvreté et de l'exclusion sociale. Ce n'est que de cette façon que nous n'aurons plus ce que nous appelons génériquement des mères mineures.

J'ai reçu tant de commentaires racistes de la part de personnes qui se prétendent éduquées que j'en ai littéralement la nausée, et je ne voudrais pas être même un jour dans mon pays dans la peau d'un citoyen à la peau plus foncée. De "voleur" à "bougnoule*", à "sale tzigane", j'ai été appelé de toutes les manières depuis le 5 mai. Pour éviter la censure, de Reddit à TikTok, sur tous les réseaux sociaux, les guerriers de la bulle adverse ont commencé à mettre des émoticônes... de CORBEAUX*. Cela ne vient pas de la "LIE", comme ils nous appellent, du "PRÉCARIAT", mais de professeurs d'université comme Adrian Papahagi. C'est bien quand même, c'est une leçon de vie : jusqu'à maintenant, je ne croyais pas que la Roumanie était un pays raciste.

Et, souvent, pas civilisée, non assumée et homophobe. Je félicite mes partisans présents au débat d'EuroNews, ils ont su ne pas jurer et ne pas crier vers l'adversaire dans l'Auditorium de l'École Polytechnique. J'aimerais beaucoup que la même chose se produise dans les auditoriums de l'Université et de l'ASE (l'Académie d'Études Économiques*). Un des partisans de Nicușor Dan me criait QUE FAIT LE CHAUFFEUR ? Et puis il a insisté LE CHAUFFEUR ! LE CHAUFFEUR ! – remarque qui faisait référence aux inventions de Diana Iovanovici – Șoșoacă sur un chauffeur imaginaire avec lequel elle m'aurait vu au lit. Si à ma place il y avait eu une personne plus sensible ou qui avait vraiment d'autres préférences sexuelles, comment se serait-elle sentie ? Un Rom ou un gay peut-il dire cela publiquement dans notre société aujourd'hui alors que cette aile qui se prétend PROGRESSISTE a un tel comportement ? Est-ce que le courant d'opinion qui milite pour les droits des minorités sexuelles est représenté par deux candidats qui ont voté (et ont voté OUI, sauf que l'un n'assume pas ce fait) au référendum pour la famille, et ont même un historique de déclarations qui peuvent être facilement cataloguées comme homophobes ?

Ni Ciucă, ni Dinescu ne se sont excusés en octobre pour un épisode similaire. (https://georgesimion.ro/solicit-candidatului-pnl-nicolae-ciuca-sa-se-delimiteze-de-urgenta-de-mircea-dinescu/) Le barde de Cetate* ne s'est pas non plus retiré de la vie publique comme il l'avait promis. Nicușor Dan ne le fera pas non plus maintenant, faussement dépeint comme un type honnête.

La fin justifie-t-elle les moyens ? Cautionnez-vous les problèmes évidents d'intégrité de Nicușor Dan par peur du croque-mitaine nommé L'EXTRÉMISTE SIMION ? Le choyez-vous en évitant de lui demander les noms de ceux qui le soutiennent financièrement ?

Vous vous faites frère avec le diable le temps de traverser le pont ? Qu'il s'agisse de Simonis, Vasile Blaga ou des corrompus de l'UDMR. Marchez-vous sur des cadavres pour atteindre votre but ? Faites-le, mais soyez au moins professionnels : les associations avec Simonis et Blaga n'aideront pas votre candidat à gagner les élections, tout comme au cours des 20 dernières années, aucun candidat porté par RTV ou Antena3 n'a gagné les élections présidentielles en Roumanie. Dois-je vraiment vous apprendre les relations publiques ?

Vous avez marché sur des cadavres il y a dix ans. Mes amis aussi sont morts là-bas au club Colectiv, pas seulement les vôtres. Vous avez mis à la tête du pays des gens qui n'étaient pas capables de gérer correctement une entreprise et vous n'assumez pas la façon dont nous avons stagné pendant 10 ans. Vous nous avez imposé votre Iohannis en recourant à la peur et vous n'avez pas assumé cela non plus, vous faites semblant de ne pas savoir comment il est arrivé là.

Vous l'avez fait constamment, depuis le Référendum pour la famille, quand vous avez boycotté le vote en mentant aux gens que c'est ainsi que Dragnea échapperait à la prison, jusqu'à la pandémie quand beaucoup de vos amis se sont fait vacciner emportés par la mode et ils sont confrontés à des effets secondaires jusqu'à aujourd'hui. Vous avez accepté l'annulation abusive des élections sous prétexte du moindre mal, alors que c'est précisément la démocratie qui a été violée. Vous utilisez dans cette campagne tout, y compris l'instrumentalisation d'un viol avec lequel je n'ai rien à voir, en ridiculisant un homme détruit par l'alcool et la transition (mon père – à qui ils ont attribué des mots sur fond de son état), vous avez attaqué ma femme, ma sœur, ma tante, vous m'avez inventé un oncle qui n'existe pas. Même maintenant, vous mentez au sujet des événements de Londres (je n'aurais pas été invité à l'intronisation*, je serais parti mécontent de la rencontre avec les Roumains, etc.).

Quelle que soit notre action, le blanc devient noir dans votre course pour fabriquer peur et mensonges. C'est ce que vous avez dit à Nicușor de faire : il a menti en disant que je voulais renvoyer des professeurs, il a menti en disant que j'avais déprécié le leu, il a attaqué des personnes capables et intègres autour de moi comme Sorin Constantinescu, Mugur Mihăescu ou Petrișor Peiu simplement pour faire oublier Matei Păun, Florin Talpeș et d'autres. Il a beaucoup de choses sur lesquelles il refuse de répondre, c'est pourquoi les gens me demandent constamment pourquoi aller à d'autres débats avec lui.

Si nous parlons mathématiquement, puisque vous prétendez les aimer (contrairement à l'ail et aux "voyous*"), vous n'avez aucune chance de gagner. J'ai en ma possession des preuves claires de la façon dont Iohannis a explicitement demandé en décembre à Nicușor d'être son successeur. J'ai des preuves sur la fraude du financement électoral, dont la façon dont vous achetez des influenceurs au kilo. J'ai des preuves sur les bots et les logiciels que vous utilisez. Je ne sais pas encore si je les rendrai publiques maintenant, car, n'est-ce pas, ce sont des motifs d'annulation des élections. Si ce ne sont pas les chefs des institutions, du moins leurs adjoints viennent de notre côté et les informations qu'ils nous fournissent vous placent dans la zone des CRIMINELS OCCUPANT DES FONCTIONS PUBLIQUES.

Mathématiquement, vous voulez gagner par la fraude : des votes supplémentaires inventés dans certains points clés : la municipalité de Buzău, la République de Moldavie et d'autres que nous annoncerons ou où nous créerons des flagrants délits. J'avertis chaque personne impliquée qu'elle répondra de chaque vote volé, de chaque bulletin déjà tamponné mis dans les urnes ou dans les sacs, et de chaque vote multiple. C'est une question de vie ou de mort, nous le comprenons. Nous sommes toujours pour la vie (et pour la paix). Sans un total de 11 millions de votes (dont plus d'un million apportés par la fraude), vous avez perdu. À minima il vous les faut. C'est ce que vous avez fait avec Ponta en 2014. Votre marionnette l'a dit, qui parle parfois de manière incontrôlée, ce qui vous met en colère. Tout ce que vous faites maintenant, c'est générer suffisamment de bruit de fond pour justifier la prétendue présence massive, car nous et nos électeurs, vous ne nous ébranlez pas. Ni les autres, mais vous avez besoin de créer l'illusion. Après avoir vu le nonagénaire Rebengiuc, utilisé dans absolument toutes vos campagnes, qui régurgite l'histoire de NE PAS PRENDRE LE CHEMIN VERS L'EST du Pays, j'avais lu une blague disant que ce n'était qu'une question de temps avant que Șora ne soit ressuscité d'entre les morts*. Il n'a pas fallu plus d'une heure avant que le "miracle" ne se produise et... il est ressuscité !

IL EST VRAIMENT RESSUSCITÉ !

En dehors des moments de mon enfance où j'étais emmené à l'église chez ma grand-mère, je n'ai pas approfondi ma relation avec Dieu. J'ai commencé à le faire naturellement, spontanément, après avoir terminé l'université, à travers les actions civiques que j'ai réalisées, en connaissant personnellement de nombreux prêtres spirituels ("duhovnic") qui m'ont montré une autre réalité que celle matérielle. Même maintenant, je ne suis pas prêt dans les mystères de l'Église, quand j'étais à l'Athos, un grand voyant spirituel là-bas, le starets Efrem de Vatopedi, me disant que je ne prie pas comme il faut, profondément.

À bien des égards, je suis chanceux. En découvrant mieux Dieu, je sais ne pas avoir peur. J'ai acquis une paix intérieure que l'année dernière, par exemple, je n'avais pas. Ainsi, toutes ces tentatives d'intimidation, de fatigue, ne fonctionnent pas sur moi, et après avoir vu cette semaine l'armée de bots et de trolls, d'influenceurs et de soi-disant journalistes qui ont essayé d'instinguer, de concert, la peur, je réalise que cela ne fonctionne pas non plus sur une grande majorité de nos partisans.

Tous ces gens se heurtent à un mur, impénétrable, qu'ils ne comprennent pas et qu'ils s'efforcent de démolir dans un mouvement en sens inverse à celui de Maître Manole*. Cette haine vous tourmente, vous défigure et vous finissez par ressembler de plus en plus à l'une de vos idoles, Cristian Tudor Popescu. Nous restons sereins : exactement comme la différence entre un homme possédé et un homme en paix.

Je n'ai pas peur de vous. Et je ne me fatigue pas. J'ai en moi des ressources inépuisables d'énergie, phénomène inexplicable pour vous. Je me suis préparé ces dernières années à toutes vos tentatives pitoyables de manipulation : je vous connais et je sais comment vous pouvez être déstructurés.

Déjà, des personnes qui autrefois répondaient à vos pressions, comme Dan Șucu, ont eu des positions équidistantes. Vous leur avez demandé de menacer leurs employés de licenciement si je devenais président. Caramitru ne comprend pas pourquoi des gens comme Selly, Hagi, Halep, ne se rangent pas eux aussi du côté de la PEUR. Eh bien, laissez-moi vous expliquer : ils ne se vendent pas et ne sont pas chantageables, ces gens se sont vraiment élevés par leurs propres forces, pas par celles de leur père, ni par celles du système.

Au départ pour Londres, depuis l'avion, j'ai lancé un appel à mes partisans pour qu'ils ne s'impliquent pas dans ce phénomène de division des Roumains, mais qu'ils ne donnent que des messages positifs. Je crois que c'est la stratégie appropriée, car il y a des batailles à mener aussi après le 18 mai. Il y a la vie, pas seulement la mort.

Je dois, à partir du 19 mai, être aussi votre président. Et c'est justement cela qui m'inquiète. La majorité d'entre vous êtes mes collègues de génération / d'éducation / d'aspirations. Mais je ne sais pas ce que je ferai avec vous, vous semblez fous, irrationnels et totalement peu disposés à accepter que le monde n'est pas seulement comme vous le voyez. Nous existons aussi, nous, les autres, par ici.

J'espère que vous m'aiderez à résoudre le dilemme : pas Qu'est-ce que je cherche ici ? pas Pour qui vais-je voter?

Mais Qu'allons-nous faire ensemble ? Individuellement, pas en groupe.

George Simion

ÎN ROMÂNĂ, AICI

Traducere de Gérard Luçon

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