Stéphane Luçon: Déboires de la diplomatie macroniste en Roumanie

În contextul vizitei lui George Simion în Franța avem onoarea să reproducem, cu acordul autorului, jurnalistul francez Stéphane Luçon, o analiză a acestuia despre posibilitatea ca în urma desfășurării Turului 2 al alegerilor prezidențiale din România, președintele francez, Emmanuel Macron, să își piardă influența mult dorită în România. Redăm textul în original cu mulțumiri și trimitere spre sursă unde veți mai putea găsi și alte articole pline de substanță.
M. Macron, qui brille par ses échecs internationaux et s'est fait "sortir" de plusieurs pays d'Afrique, va-t-il maintenant perdre la Roumanie ?
D'autres sont mieux placés que moi pour décrire les errances, les échecs, et l'impuissance de M. Macron en politique extérieure - ce show grandiloquent d'un homme qui vit dans les vieux ors d'une République qui n'est plus tout à fait elle-même et ne peut plus grand-chose trouve de nombreuses illustrations à travers le monde. La dernière en date est probablement cette idée creuse de partage du parapluie nucléaire français avec la Pologne - un cirque pour les béats, qui va contre les traités, contre le "réalisme", et contre l'intelligence des Polonais qui n'ont probablement pas oublié les longs mois d'attente précédant l'étrange défaite française en 40. Bref, je ne commencerai pas par un inventaire.
Vivant en Roumanie depuis très longtemps, ma relation à ce pays est celle d'un roumanisé, observateur placé non pas parmi les cercles d'expats, mais fréquentant plutôt sur le terrain la Roumanie déclassée - celle à laquelle l'Union Européenne n'a pas livré grand-chose, si ce n'est de financer la petite classe de gens qui pérorent aujourd'hui sur la manière dont leurs concitoyens "mal élevés" devraient voter (un sujet largement développé dans mon texte en anglais publié après l'annulation du premier tour des présidentielles en décembre dernier).
De mon arrivée en Roumanie en 1999, je garde des souvenirs peu glorieux de la présence économique française dans ce pays. Surnommée "l'Afrique blanche” parmi les expats, la Roumanie a eu droit à son lot de condescendance de la part de gens qui se retrouvaient, comme au "bon temps des colonies" et comme dans certains pays du Sud global, avec un pouvoir d'achat fantastique et la mission de faire avancer les intérêts économiques français dans un pays que ses propres élites dépouillaient.
Je garde notamment en mémoire une confidence d'un ancien ministre des télécoms français se vantant d'avoir arrosé les deux principaux partis en amont des élections pour huiler la signature des contrats dans la foulée. Toute une époque ! L'entreprise où j'étais stagiaire avait d’ailleurs recours au fils d'un ancien apparatchik pour organiser la corruption des ministres - un "agent” qui sera plus tard reconnu comme ancien collaborateur de la Securitate.
Immoral et malin, il faut comprendre que dans la guerre commerciale qui l'opposait aux États-Unis et aux autres pays, la France a naturellement appliqué à travers le monde les mêmes principes qui ont assuré son influence diplomatique et sa présence commerciale dans son arrière-cour africaine.
Point d'une telle "finesse" de nos jours, puisque M. Macron a choisi de prendre fait et cause pour un camp politique - et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit du camp qui soutient l'annulation des élections et accuse l’autre moitié du pays d'être pro-russe.
D'une manière générale, l'accusation de sympathie pro-russe, rabâchée dans toute la presse (voir mon précédent texte) est d'une idiotie profonde dans un pays dont la population déclare à 87,5% son attachement à l'orientation pro-occidentale du pays. Qui seraient donc ces 23% (vote Georgescu) et 14% (vote Simion) qui ont choisi en novembre 2024 de voter pour des candidats accusés d'être pro-russes ? Qui sont ces 41% qui ont voté pour M. Simion au premier tour de la nouvelle élection présidentielle ? Évidemment, pas des pro-russes. Inventer un clivage qui n'existe pas comporte pourtant un risque majeur : fabriquer ex-nihilo ce que l'on dénonce.
Que les médias, et notamment les médias infiltrés par les services de renseignement racontent des sornettes sur la Roumanie, c'est une chose. Que Monsieur Macron ne soit pas informé de la réalité sur le terrain, c'en est une autre. Qu'il se mêle de la démocratie roumaine, cela dépasse l'entendement. Trois temps principaux marquent l'ingérence française dans le débat roumain.
Tout d'abord le 6 décembre, quelques heures avant l'annulation du processus électoral par la Cour Constitutionnelle sur des bases très fragiles voire ridicules, Monsieur Macron discutait avec la candidate du parti USR (Union "Sauvez la Roumanie", partenaire du parti de M. Macron au sein du groupe RENEW au parlement européen), Mme Lasconi, et lui déclarait dans un enregistrement son soutien, tout en exprimant quelques menaces à l'attention des Roumains s'ils votaient mal :
E. Macron : "Bonjour, Elena. Comment allez-vous ? Je suis heureux de vous voir et de vous exprimer mon soutien dans cette campagne. Je pense que ce qui est en jeu, c'est évidemment l'avenir de la Roumanie, mais je pense que c'est très important et stratégique pour toute l'Europe."
E. Lasconi : "Je me bats ici pour la démocratie et j'utiliserai tout mon pouvoir et mes connaissances pour maintenir la démocratie ici en Roumanie et pour garder mon pays sur une trajectoire européenne et dans l'OTAN."
E. Macron : "Très important pour nous tous. Parce que votre pays est décisif. Vous êtes sur le flanc oriental de l'OTAN. Vous êtes un membre très important de notre Europe, et durant les sept dernières années, j'ai constamment évalué et ressenti moi-même l'importance de la Roumanie, et je veux vous remercier pour ce fait très clair, et je pense que c'est dans l'intérêt de la Roumanie, du peuple roumain et de toute l'Europe."
E. Lasconi : "Et je veux vous remercier pour tout le soutien militaire français."
E. Macron : "J'ai décidé dès le premier jour de la guerre d'agression russe en Ukraine en février 2022 d'envoyer des troupes en Roumanie et nous avons été les tout premiers à déployer des troupes dans votre pays pour protéger ce front. Et je veux vous réaffirmer mon engagement et je serai très clair. L'expérience géorgienne est très révélatrice dans ce contexte. Et ce n'est pas un chèque en blanc que nous avons fourni à la Roumanie. Nous avons apporté notre soutien à un pays clairement engagé dans l'UE et l'OTAN. Et il est très important de dire que si quelqu'un arrive en étant ambigu avec la Russie, ou explicitement pro-russe, cela changera totalement la politique de sécurité de l'Europe. [...] Si je peux faire quoi que ce soit pour aider dans ce contexte, je ferai tout. Vous êtes la seule à être claire sur l'Europe et l'OTAN et de facto vous êtes la seule à protéger le pays parce que toute la solidarité que vous avez reçue est liée à celà."
S'ensuit dans l'échange (disponible ici) l'assurance de la part de Madame Lasconi de défendre les intérêts commerciaux français et notamment les investissements français, dont le plus connu est Dacia Renault (j'avais écrit sur le sujet de Dacia il y a une quinzaine d'années).
Quelques heures plus tard, la Cour Constitutionnelle, qui s'est auto-saisie pour la première fois et en dehors de tout cadre légal, annulait l'élection.
Chose qui ne dérangera guère un autre Français que la réputation précède désormais à travers le monde : M. Breton, l'artisan du DSA et de l'infrastructure de censure qui y est lié. Celui-ci annoncera qu'il faudra peut-être annuler les élections en Allemagne, comme "on l'a fait en Roumanie".
Tout le monde connait le scandale qui suivit l'annulation en Roumanie. Si beaucoup ont pointé vers Washington et vers le "Système" (une alliance entre héritiers de la Securitate et partis de gouvernement), l'intervention de M. Macron et son chantage à la sécurité de la Roumanie, malgré le cadre de l'OTAN, n'est pas non plus passé inaperçu. J'ai tendance même à penser que c'est bien la France qui mène la danse dans cette histoire. En effet, quelques mois plus tard, alors que la Roumanie s'apprête à voter de nouveau, une nouvelle intervention française a été fortement remarquée : M. Warnery, l'ambassadeur de France en Roumanie, rend visite à la Cour Constitutionnelle et déclare son soutien à l’institution qui avait annulé les élections. Quelques jours plus tard, la candidature de M. Georgescu est invalidée...
Nous sommes maintenant dans l'entre-deux-tours. Les Roumains ont sorti la massue pour faire savoir qu'on ne badinait pas avec leur suffrage librement exprimé et ont propulsé M. Simion, candidat de remplacement pour M. Georgescu cette fois-ci, mais également candidat du principal mouvement souverainiste local (AUR, alliance pour l'Union des Roumains) à 41% des suffrages.
Naturellement, la presse est unanime, tout comme la société civile "de vitrine" qui occupe l'espace médiatique roumain. Pris complètement hors-jeu en novembre par le phénomène Georgescu sur TikTok, il est difficile de dire si ces gens ont repris pied. Travaillent-ils au corps les électeurs qui ne croient plus ni en la presse, ni en cette société civile qui vit sous perfusion de financements externes (Soros, USAID/NED/OCCRP, UE) ? Ou ce bon monde continue-t-il simplement d'être hors-sol et de brasser du vent ? Ils donnent principalement l’impression de redoubler d'efforts pour fustiger près de la moitié de la population, en les traitant comme des parias (je reviendrai dans un autre article sur le sujet du racisme et du mépris de classe dans le camp eurolâtre), tout en espérant réveiller le castor qui dormirait en chacun et obtenir un barrage contre le vote souverainiste.
Accompagnant ces efforts, et c'est le troisième temps du "problème français”, des macronistes redoublent d'activité en soutien au candidat du joli petit monde de Bucarest. Valérie Hayer, Députée européenne, Présidente de RenewEurope et Secrétaire générale déléguée de Renaissance déclare sa flamme dès le 5 mai pour le concurrent s’opposant à Monsieur Simion, Nicusor Dan, fondateur de l’USR qu’il a quitté il y a quelques années tout en en conservant le soutien. Une semaine plus tard, elle révèle sur France Info vouloir "tout faire sur le terrain” pour que M. Dan soit élu.
Ajoutons à cela qu'une figure du même parti, Clotilde Armand, très active dans la campagne, illustre l'impopularité de certains Français de Roumanie, après avoir désastreusement géré un arrondissement de Bucarest et avoir été impliquée, sans être condamnée, dans un scandale de fraude électorale et dans un scandale de corruption concernant le contrat de la société Egis, qu'elle dirigeait, alors que son confrère M. Drula (toujours USR) était ministre des transports. Quant à l’ancien Premier Ministre "technocrate” et ancien Commissaire européen à l’agriculture, M. Dacian Ciolos, allié historique de l’USR, ancien membre du groupe RENEW au Parlement Européen et réputé proche de M. Macron et ami de Michel Barnier, il a été nommé conseiller du Président par interim le 18 mars, nomination suivie le 19 mars d’une visite de M. Nicusor Dan au palais présidentiel, alimentant les spéculations autour d’une French Connection poussant le candidat indépendant. Touche finale, M. Dan a étudié à la Sorbonne - on ne va le lui reprocher, mais celà contribue naturellement à teinter sa candidature aux couleurs de la France.
Naturellement, cette agitation française va contre une part de la population, dont nous connaîtrons le nombre dimanche prochain, et ne peut qu'alimenter un French Bashing qui, s'il est tout aussi regrettable qu'à l'époque des Freedom Fries imbéciles de M. Bush, est cette fois-ci tout à fait justifié. Macron n'est pas Chirac, et encore moins Villepin, et la France s'opposant au crime de l'invasion de l’Irak n'est pas celle qui a depuis embrassé la politique étrangère américaine des "révolutions de couleurs”, semant le chaos tout en s'habillant de vertu. Je recommande à ce sujet de lire le texte de Christopher Mott, les noces de la guerre et de la vertu, pour mieux saisir ces étranges postures diplomatiques.
Ainsi donc, la Roumanie, amie historique de la France, à laquelle elle doit en partie son unité, est désormais clivée dans son rapport à la France, comme elle l'est dans cette élection. Des vidéos TikTok, des mèmes et autres blagues circulent désormais. Le sentiment anti-français grandit, et l’image suivante illustre assez bien comment le clivage prend les couleurs d'un match entre les deux pays :
Quoi qu'on pense des courants politiques, force est de constater que faire passer un camp pour le croquemitaine n'est pas très malin. La Roumanie est d'ailleurs à la traîne sur un sujet "souverainiste” qui n’impressionne plus tant que ça. En Pologne, le PiS est venu puis reparti. Au Royaume-Uni, le Brexit n'a pas apporté l'apocalypse annoncée. Trump a quitté le pouvoir, avant de le regagner dans les urnes. En Hongrie, Orban s'est fait réélire - et après un très long silence sur la question des mouvements souverainistes roumains, il a prévenu, ce 9 mai, que la Hongrie n’accepterait pas que la Roumanie et ses dirigeants se fassent isoler par le reste de l’Union. Quant à Mme Meloni, elle semble bien acceptée au sein de l'Union européenne, notamment quand il s’agit de jouer les intermédiaires auprès de M. Trump.
La perspective d'une victoire souverainiste est donc hautement probable, même si elle n’est pas certaine, et la conclusion directe de l’ingérence macroniste n'est donc pas seulement un risque de fort désamour de la part des Roumains, mais peut-être même le risque de voir rejouer, encore une fois, le ballet des expulsions de diplomates et des départs de troupes, telle une signature de la diplomatie de M. Macron.
M. Simion a toutefois fortement insisté sur son attachement à l'OTAN, à l'UE, et au partenariat stratégique américain. Selon lui, la sécurité de la Roumanie passe par la base permanente de l'OTAN (un investissement massif en cours) et des soldats américains. Dans son interview récemment publiée dans Marianne, il a même rappelé à la fois la triste mémoire du passage des soldats russes, et l'image positive laissée dans le passé par les soldats français, marquant au passage sa déception d’avoir été snobé par l’ambassadeur de France, alors que les autres chancelleries auraient établi des contacts avec son parti.
On peut donc imaginer que le renouvellement de la présence militaire française fera peut-être quand même partie des options, en dépit des affronts de M. Macron, et non pas grâce à sa diplomatie. Et, si d’aventure, un énorme coup de froid s’abattait sur les relations franco-roumaines, il ne faudra pas accuser Bucarest.
Dans quelques jours, les Roumains vont s'exprimer. Le camp autoproclamé pro-européen a appelé à un grand rassemblement sur la place de la Victoire, rassemblement intitulé d’après une expression roumaine "soit au bal, soit à l'hosto". Forme de "ça passe ou ça casse” d’ordinaire insouciante, cette expression revêt tout à coup un air de menace.
S'il est trop tôt pour affirmer qui l'emportera, il y a hélas de bonnes raisons de penser qu'un vote majoritairement souverainiste, contraire aux intérêts français tels que les entend M. Macron, puisse déclencher une tentative de révolution de couleur, portant le risque de provoquer les mêmes effets que partout ailleurs — violence, chaos et déni de démocratie.
Sursa: FRANCEZUL.SUBSTACK.COM
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